mercredi 8 août 2012

Mon travail avec les pierres.

Si je devais retenir qu'une seule chose que le travail de la pierre m'a enseigné , je dirais sans hésitation , le respect.

Premièrement ce respect de la matière que la pierre impose à celui qui la travaille et le respect de la longévité du message véhiculé. Une intervention banale, le restera et pour longtemps.

Deuxièmement, le respect des enseignements de ceux qui ont consacrés leur vie à extraire et transformer ces granits . Mon apprentissage dans la taille qui se fit dans les carrières de Bretagne fut en quelque sorte initiatique . J'ai appris, au côté de vieux tailleurs de pierre , les gestes transmis à travers les siècles . J'ai retrouvé les traces de ces gestes dans les blocs de granit de la cathédrale du Mont St Michel, ainsi que dans la petite chapelle de granit rose de la Clarté à Perros-Guirec.

Finalement le respect de moi-même, de ma créativité et de mon engagement à transmettre la joie par mes sculptures.
BISCORNET et L'orfèvrerie du diable.

Traversant la Seine par le Petit Pont, nous nous retrouvons face à l’immense cathédrale de Notre-Dame, sollicitée sans relâche par des hordes de touristes. Mais il est inutile de faire des heures de queue pour admirer un prodige de sa construction. Au portail central, aujourd’hui restauré, de lourdes portes sont décorées de serrures et de paumelles, que l’on dit être l’œuvre de Satan...
Par la construction de leurs ferronneries, ces portes sont une énigme ! Au début du 14ème siècle, les chanoines commandèrent ces étonnantes ferronneries à un jeune serrurier ambitieux du nom de Biscornet. Il accepta cette occasion en or. Cependant, il y avait un problème, et de taille ! Le travail était gigantesque pour la petite forge de Biscornet. Qu’à ne cela ne tienne ! Satan étant dans toutes les conversations de l’époque, le jeune serrurier courageux décida de faire appel à ses services. Il se rendit dans les bas-fonds de l’île Saint Louis et alla à la rencontre d’un suppôt de Satan. Avec son sang, il signa un pacte avec le monarque des Enfers qui lui assura que le travail serait fait à temps.
Les jours passèrent mais le travail avançait lentement, trop lentement. La veille du jour de la livraison de son œuvre, Biscornet tomba en syncope. À son réveil, les chanoines de Notre-Dame admirèrent et s’extasièrent sur ces extraordinaires ferronneries dont le jeune serrurier n’était pas l’auteur... Satan avait rempli sa part du marché !
Aujourd’hui encore, ce travail suscite l’admiration et l’étonnement. Voici ce qu’en dit en 1724 l’historien Paul Sauval :
« Ces portes sont admirées par tout ce qu’il y a de serruriers. Le bas est tout couverts de bouillons et de revers de feuilles tournées et travaillé avec étonnement, tant pour la grandeur que pour la beauté de l’ouvrage. D’autant plus que ceux du métier n’ont pu connaître sa fabrique, car les uns croient que c’est du fer moulé qu’ils appellent « fer de barreau » ; d’autres disent qu’il est fondu et limé ; d’autres prétendent qu’il est battu au marteau... Ce qui est certain, c’est que le secret fut perdu par la mort de Biscornet, qui avait si peur qu’on ne le lui dérobât que personne, à ce qu’on dit, ne l’a vu travailler... ». Un autre mystère est lié à ces portes.
On posa les vantaux cérémonieusement et très rapidement. Ceci fait, il fallait se rendre à l’évidence : il était impossible de les ouvrir ! Pour cela, on dût les asperger d’eau bénite et réciter l’exorcisme...
Durant les semaines qui suivirent, le jeune serrurier demeurait introuvable. Était-il terrorisé ? Car le pacte était clair. Satan avait rempli sa part du marché, Biscornet devait maintenant lui offrir son âme. Il ne pouvait s’y soustraire. Peu de temps après, il mourut. Mais on raconte que, sur sa tombe au cimetière des innocents (à l’emplacement actuel des Halles), son fantôme faisait de fréquentes apparitions psalmodiant d’étranges et obscures invocations sataniques. Alors, le soir venu, si vous faîtes une ballade dans le quartier, ne vous étonnez pas de croiser un serrurier à l’allure étrange, venu d’un autre temps. C’est peut-être le spectre de Biscornet cherchant à sauver son âme...

Antoine “Brûlefer” Biscornet est né en 1651 à Larochelle . Il arrive en Nouvelle France vers 1670 . Il est mon ancêtre dans les deux lignées maternelles de ma famille. Ils se sont installés à Saint Constant de Laprairie, près de la réserve de Canawake. où en 1834 Toussaint Perras épouse Marguerite Beauvais Biscornet de la réserve . Ce sont mes arrières grands parents .
En 1989, lors d’un long séjour en France , je cherchais mes racines pour finalement les trouver profondément encrées ici, et je me suis souvenu alors, des photos de famille où le nom Biscornet y était souvent mentionné par ma mère. Je décide à ce moment, d’utiliser le nom Biscornet pour marquer mon appartenance familiale, ignorant tout de cette légende. J'ai trouvé ce texte , beaucoup plus tard , par hasard , en effectuant une recherche sur Notre-Dame de Paris.