BISCORNET et L'orfèvrerie du diable.
Traversant la Seine par le
Petit Pont, nous nous retrouvons face à l’immense cathédrale de
Notre-Dame, sollicitée sans relâche par des hordes de touristes. Mais il
est inutile de faire des heures de queue pour admirer un prodige de sa
construction. Au portail central, aujourd’hui restauré, de lourdes
portes sont décorées de serrures et de paumelles, que l’on dit être
l’œuvre de Satan...
Par la construction de leurs ferronneries, ces
portes sont une énigme ! Au début du 14ème siècle, les chanoines
commandèrent ces étonnantes ferronneries à un jeune serrurier ambitieux
du nom de Biscornet. Il accepta cette occasion en or. Cependant, il y
avait un problème, et de taille ! Le travail était gigantesque pour la
petite forge de Biscornet. Qu’à ne cela ne tienne ! Satan étant dans
toutes les conversations de l’époque, le jeune serrurier courageux
décida de faire appel à ses services. Il se rendit dans les bas-fonds de
l’île Saint Louis et alla à la rencontre d’un suppôt de Satan. Avec son
sang, il signa un pacte avec le monarque des Enfers qui lui assura que
le travail serait fait à temps.
Les jours passèrent mais le travail
avançait lentement, trop lentement. La veille du jour de la livraison de
son œuvre, Biscornet tomba en syncope. À son réveil, les chanoines de
Notre-Dame admirèrent et s’extasièrent sur ces extraordinaires
ferronneries dont le jeune serrurier n’était pas l’auteur... Satan avait
rempli sa part du marché !
Aujourd’hui encore, ce travail suscite l’admiration et l’étonnement. Voici ce qu’en dit en 1724 l’historien Paul Sauval :
«
Ces portes sont admirées par tout ce qu’il y a de serruriers. Le bas
est tout couverts de bouillons et de revers de feuilles tournées et
travaillé avec étonnement, tant pour la grandeur que pour la beauté de
l’ouvrage. D’autant plus que ceux du métier n’ont pu connaître sa
fabrique, car les uns croient que c’est du fer moulé qu’ils appellent «
fer de barreau » ; d’autres disent qu’il est fondu et limé ; d’autres
prétendent qu’il est battu au marteau... Ce qui est certain, c’est que
le secret fut perdu par la mort de Biscornet, qui avait si peur qu’on ne
le lui dérobât que personne, à ce qu’on dit, ne l’a vu travailler... ».
Un autre mystère est lié à ces portes.
On posa les vantaux
cérémonieusement et très rapidement. Ceci fait, il fallait se rendre à
l’évidence : il était impossible de les ouvrir ! Pour cela, on dût les
asperger d’eau bénite et réciter l’exorcisme...
Durant les semaines
qui suivirent, le jeune serrurier demeurait introuvable. Était-il
terrorisé ? Car le pacte était clair. Satan avait rempli sa part du
marché, Biscornet devait maintenant lui offrir son âme. Il ne pouvait
s’y soustraire. Peu de temps après, il mourut. Mais on raconte que, sur
sa tombe au cimetière des innocents (à l’emplacement actuel des Halles),
son fantôme faisait de fréquentes apparitions psalmodiant d’étranges et
obscures invocations sataniques. Alors, le soir venu, si vous faîtes
une ballade dans le quartier, ne vous étonnez pas de croiser un
serrurier à l’allure étrange, venu d’un autre temps. C’est peut-être le
spectre de Biscornet cherchant à sauver son âme...
Antoine
“Brûlefer” Biscornet est né en 1651 à Larochelle . Il arrive en Nouvelle
France vers 1670 . Il est mon ancêtre dans les deux lignées maternelles
de ma famille. Ils se sont installés à Saint Constant de Laprairie,
près de la réserve de Canawake. où en 1834 Toussaint Perras épouse
Marguerite Beauvais Biscornet de la réserve . Ce sont mes arrières
grands parents .
En 1989, lors d’un long séjour en France , je
cherchais mes racines pour finalement les trouver profondément encrées
ici, et je me suis souvenu alors, des photos de famille où le nom
Biscornet y était souvent mentionné par ma mère. Je décide à ce moment,
d’utiliser le nom Biscornet pour marquer mon appartenance familiale,
ignorant tout de cette légende. J'ai trouvé ce texte , beaucoup plus
tard , par hasard , en effectuant une recherche sur Notre-Dame de Paris.